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8 février 2015 7 08 /02 /février /2015 19:07
L'Enéide de Virgile, traduction d'Olivier Sers

Bercé depuis des années par les récits denses et haletants de l'Iliade et de l'Odyssée, je ne passais pas à côté de quelques fugaces mentions de l'Enéide. Deux traductions ont été publiées depuis un an. Paul Veyne et Olivier Sers ont chacun enrichi les travaux sur l'épopée du troyen.

La semaine dernière, c'est celle d'Olivier Sers que j'achetais, sans aucune idée du contenu de ce gros pavé. Je savais seulement que l'ouvrage faisait partie des oeuvres intemporelles et toujours étudiées. En 2002, j'étais dans le même état d'esprit quand j'entrepris de lire les deux poèmes d'Homère: on connait sans connaitre et on se demande ce qu'on va trouver dans sa lecture. 

Inutile de dire que je fus absolument transporté par l'oeuvre d'abord, puis par la traduction ensuite. Je ne vais pas ici revenir sur ce que tout le monde trouve sur wikipédia. Je ne peux qu'apporter mon impression après une première lecture. La première partie se lit avec une facilité déconcertante. Pour ceux qui sont familiés de l'Iliade et de l'Odyssée, les personnages et les lieux sont connus, les héros changent de nom, mais les qualités sont les mêmes: courage, fierté, force physique, honneur, piété... et on en passe. On y lit aussi les mêmes peurs face au danger, face à la mort, le bruit des lances qui s'enfoncent dans un corps et les cris de colère face à la mort injuste d'un père, d'un fils, d'un ami proche. 

Dans la deuxième partie, on retrouve les mêmes difficultés de lecture que chez Homère. La succession de noms de personnages connus dans l'Antiquité peut nous paraitre rebarbative car ils ne nous sont pas familiers. L'action est passionnante: une guerre sur fond de fiancailles rompues. Les combats sont impressionnants de réalisme!

Tout ceci grâce à une traduction fluide, précise et facile d'accès. Olivier Sers nous propose un formidable travail , artistique sur plus d'un point, un vrai régal!

Il manquerai juste, mais ceci est surement à demander à l'éditeur, un petit index nominal avec les caractéristiques des personnages rencontrés; 

 

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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 17:51

Nous trouvons dans ce discours de Lysias une description assez claire d'une maison d'un petit propriétaire petit bourgeois.
Ce discours sert à justifier un meurtre, celui d'Eratosthène, par Euphilétos, qui a séduit sa femme. Le meurtre de l'amant par le mari n'est pas puni par la loi athénienne s'il y a flagrant délit et s'il y a des témoins. Les deux conditions sont ici réunies.
Description de la maison:
9- "Il faut vous dire d'abord ( car ces détails mêmes sont nécessaires) que ma maisonnette a un étage; la disposition y est la même en haut et en bas, pour l appartement des femmes et pour celui des hommes. "
On apprend aussi que les deux étages sont reliés par un escalier.
" aussi habitais-je au premier étage et les femmes au rez-de-chaussée.
10- C'était une habitude prise , et ma femme allait ainsi à chaque instant se coucher près du petit pour lui donner le sein et l empêcher de crier"
Les portes à l'interieur de la maison avaient évidemment des clés:
13- "elle se lève, ferme la porte en s'en allant, comme pour s'amuser et tire la clé."

14- "Un peu avant le jour, elle revint et ouvrit la chambre. Comme je lui demande pourquoies portes avaient fait du bruit pendant la nuit, elle répondit que la lampe de l'enfant s'était éteinte..."

22- "Nous arrivons à la maison, nous montons au premier et nous voilà à table."

24- "Nous prenons de torches à la boutique la plus proche et nous entrons (la porte de la rue était ouverte et la servante à son poste). Ayant poussé la porte de la chambre... "

Les notes de la traduction ( Louis Gernet et Michel Bizos, 1967, Les Belles Lettres) notent que le gynecée se situe normalement à l'arrière de l'appartement des hommes. Ici, il est au RDC,le mari habite au premier, où il prend le repas avec son ami.

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1 mars 2014 6 01 /03 /mars /2014 19:42

Pendant ces vacances scolaires bien méritées, j'ai relu ce petit ouvrage du "pape" de l'antiquité greco-romaine, Paul Veyne. Pape n'est pas le nom qu'il aurait préféré puisqu'il n'est pas croyant, comme il le dit dans son ouvrage.

Celui-ci répond à une question fondamentale, à l'heure où l'on s'interroge de plus en plus sur de possibles "racines chrétiennes" en Europe: comment le monde antique païen est-il devenu chrétien?

Tout commence bien évidememment par l'invention du Christianisme, secte orientale au destin exceptionnel et mondial. L'auteur nous explique en quoi la croyance en Jésus est différente du paganisme, comment elle a pu se répandre rapidement dans l'Empire et surtout ce qui l'a rendu sublime. Il ne faut pas oublier qu'à l'époque de Constantin, seuls 10% des habitants de l'Empire étaient de religion chrétienne.

Constantin, l'homme qui fit du Christianisme une religion noble, qui fit stopper les persécutions, Constantin choisit alors cette religion pour gouverner son âme. Pourquoi? C'est le centre de la reflexion du livre qu'il developpe dans son chapitre "Petits et grands mobiles de la conversion de Constantin". Pour un empereur exceptionnel, il fallait une religion exceptionnelle. Il ne faut pas croire la conversion dénuée de foi, mais elle n'a pas seule décidée d'un geste si grave de conséquence.

Constantin a vaincu Licinius à la bataille du Pont-Milvius en 312 grâce à un songe et à un signe, le chrisme, qui ont amené sa conversion. Mais pas celle de l'Empire. Il a ensuite favorisé les Chrétiens durant tout son règne, mais n'a jamais persécuté ou interdit le paganisme, sauf les sacrifices païens. Cette religion exceptionelle a ensuite servi Constantin, qui en était le chef, de fait. Il faut toutefois noter que Paul Veyne dans son chapitre "Constantin, président de l'Eglise", montre qu'il n'y a jamais eu d'imprécation de l'Eglise dans l'Etat romain.

L'auteur montre comment, après avoir mis le pied du christianisme à l'étrier du pouvoir, cette religion devait devenir dominante. D'abord toujours face à un paganisme dominant et ambiant que seule une évangélisation de longue haleine allait réduire à néant, malgré une réaction païenne sous Julien.

Pour finir, Veyne nous montre les limites de cette victoire. Trois siècles plus tard, des pans entiers de l'Empire se convertiront à l'islam.

Le livre se termine par une question ouverte: L'Europe a-t-elle des racines chrétiennes? Les points de vues de l'auteur sont à lire avec beaucoup d'attention, ils sont bien entendu pertinents et dignes d'attention de la part d'un tel historien.

On peut noter les très nombreuses notes en bas de pages qui permettent au lecteur de prolonger sa lecture dans des ouvrages antiques ou contemporains, même si beaucoup sont difficiles d'accès car en langue allemande. Un appendice ( des extraits de textes antiques touchant au sujet) ainsi que des notes complémentaires complètent l'ouvrage.

Un livre à lire, très bien écrit, dense mais facile d'accès.

 

Paul Veyne

Paul Veyne

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1 mars 2014 6 01 /03 /mars /2014 19:11

Cette semaine, nous écouterons toujours les nouveaux chemins de la connaissance, sur France Culture, qui, le 27 février nous ont offert une émission intitulée "Osons le cynisme! retour à Diogène". Quatrième et dernier volet sur le cynisme.

En voici le lien: http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-osons-le-cynisme-44-retour-a-diogene-2014-02-27

 

Sur Inter, dans l'excellente émission "Sur les épaules de Darwin", une heure est consacrée au "Retour d'Ulysse". C'est une rediffusion datée du 19 janvier 2013 et remise sur les ondes aujourd'hui même

http://www.franceinter.fr/emission-sur-les-epaules-de-darwin-le-lien-qui-nous-rattache-aux-autres-7-le-retour-dulysse

 

 

 

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21 février 2014 5 21 /02 /février /2014 18:00

En ce début d'année, j'ai pensé qu'il pouvait être intéressant de répertorier quelques belles émissions sur l'antiquité romaine et grecque.

- La Grèce et Rome: des multiculturalismes à l'antique.

C'est une conférence en partenariat avec le centre Pompidou. La conférencière est Florence Dupont, spécialiste de Rome, helléniste et latiniste.

http://www.franceculture.fr/blog-france-culture-plus-2014-01-30-la-grece-et-rome-des-multiculturalismes-a-l%E2%80%99antique

 

- Marseille, 2600 ans d'histoire. Le salon noir, émission de Vincent Charpentier sur l'archéologie (France Culture)

Les invités sont Marc Bouiron et Philippe Mélinand

http://www.franceculture.fr/emission-le-salon-noir-marseille-2600-ans-d%E2%80%99histoire-2014-01-28

 

- Jean-Pierre Vernant: de la résistance à la Grèce ancienne.

Pour la commémoration du centenaire de la naissance de l'anthropologue-historien de la Grèce antique, l'EHESS met en ligne une conférence de 1992.

http://plus.franceculture.fr/jean-pierre-vernant-de-la-resistance-la-grece-ancienne

 

- Sénèque. les nouveaux chemins de la connaissance ont mis en lumière durant la deuxième semaines de janvier quatre écrits de Sénèque:

Lettre à Lucilius: http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-seneque-14-lettres-a-lucilius-2014-01-06

De la vie heureuse: http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-seneque-24-de-la-vie-heureuse-2014-01-07

De la tranquilité de l'âme: http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-seneque-34-la-tranquillite-de-l%E2%80%99ame-2014-01-08

La brièveté de la vie: http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-seneque-44-la-brievete-de-la-vie-2014-01-09

Je mettrai d'autres liens dès que possible. Bonne écoute!

 

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8 janvier 2014 3 08 /01 /janvier /2014 18:47

Aujourd'hui, alors que je me promenais dans les rayons de la FNAC, je suis tombé sur cet ouvrage volumineux aux couleurs attirantes. Je reconnus le style et les dimensions des livres de l'éditeur car j'avais déjà acheté dans cette collection "La cité au banquet, histoire des repas publics dans les cités grecques" de Monique Schmitt Pantel.

Il s'agit de "Minos et les Grecs, la cité revisitée". Cet ouvrage, édité par les Publications de la Sorbonne, est en fait un recueil d'articles, d'études publiés par Henri van Effenterre (1912 - 2007) et rassemblés par Françoise Ruzé. Les articles pulbiés ( allant des années 30 au milieu des années 200) sont classés en 6 catégories: une vie politique à coté du palais de Mallia, continuité des structures juridiques et sociales entre le Minoen et l'époque classique, les inscriptions archaïques en Crète, un choix d'études générales sur la Grèce à l'époque archaïque, l'épigraphie crétoise à une époque plus tardive et enfin sa certitude d'un embryon de cité grecque en Crète.

L'auteur de tous ces articles était un spécialiste de la Crète archaïque et du palais de Mallia dans lequel il a beaucoup fouillé. Je sens que cet ouvrage de 950 pages va me faire plonger dans un univers passionnant et que je ne connais que très peu.

Voici les deux livres de la collection "Les classiques de la Sorbonne" que j'ai en ma possession:

 

Minos et les Grecs, la cité revisitée, recueil d'articles d'Henri van Effender
Minos et les Grecs, la cité revisitée, recueil d'articles d'Henri van Effender
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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 22:02

Athènes était alors divisée en deux corps : l’armée de Samos était l’Athènes démocratique et sur le territoire d’Athènes étaient les tenants de l’oligarchie, incarnés par les Quatre Cents.  Pour survivre, elle demande l’aide du Grand Roi, donc de Tissapherne, son satrape, donc d’Alcibiade.

 Mais Pisandre, négociateur pour la cité d’Athènes, ne réussit pas à s’imposer face à Alcibiade. Celui-ci fait même échouer les pourparlers en en demandant trop au nom du satrape : toute l’Ionie, les îles de l’Egée et une flotte qui peut la défendre. A tel pont que le satrape, après de nombreuses péripéties narrées par Thucydide, donne son aide finalement à Sparte.

La cité attique doit donc ouvrir des négociations avec les lacédémoniens pour finir la guerre. Entre temps, l’armée de Samos (à nouveau démocratique après un épisode oligarchique) envoie des militaires à Athènes, toujours oligarchique elle. Ces derniers sont assassinés. Seul un des messagers arrive à s’enfuir et à prévient l’armée de ce qui se passe près de l’Acropole.

Alcibiade va alors jouer un rôle important dans le rapprochement des deux Athènes. Thrasybule, dans l’armée de Samos, est pour son retour. Alcibiade, toujours aussi prompt à promettre la lune, promet que Tissapherne lui amènera la flotte phénicienne. Il est nommé stratège dans la foulée. Son charisme est toujours aussi impressionnant malgré toutes les traitrises faites à sa cité natale.

Il se laisse alors moins enclin à l’improvisation. Il refuse l’idée d’aller attaquer le Pirée pour renverser l’oligarchie. Il veut une trêve entre les deux Athènes, qu’il obtient après le rétablissement des démocrates modérés en lieu et place des oligarques, qui s’enfuient à Décélie. Ce renversement a été accéléré par une défaite en face de l’Eubée, et donc sa perte, qui fait perdre une partie des approvisionnements vitaux en blé. Alcibiade est alors rappelé.

En ce qui concerne la flotte, Tissapherne hésite et refuse finalement de donner ses forces navales à Athènes. Il a peur que sa force soit à la fin trop importante. C’est un camouflet pour Alcibiade qui se retrouve à la tête de l’armée de Samos avec Tissapherne et Sparte à ses trousses. Comme dit J. de Romilly, Alcibiade doit maintenant devenir un vrai chef de guerre avant de pouvoir rentrer chez lui.

Et il y parvient évidemment ! Il remporte plusieurs batailles dans le nord de l’Egée. Disons, pour être plus précis qu’il participe, mais toujours pleinement, à de nombreuses victoires. En hiver 411/410, il gagne la bataille de Cyzique, et deux ans après, la bataille de Chalcédoine (409). Des villes sont à nouveau soumises au tribut, la route du blé de la mer noire est sécurisée, et l’argent rentre à nouveau dans les caisses d’Athènes, le nerf de la guerre revit.

Alcibiade pensant enfin à un retour au Pirée et à Athènes est alors élu stratège par l’Assemblée. Il est considérer comme un sauveur alors qu’il a à peine réparé sa trahison. Son retour est triomphal et mémorable. Il ne débarque qu’après avoir été sûr que ses amis étaient présents et qu’il ne risquait rien. Il se lance alors sur la route vers Athènes depuis Le Pirée. L’Assemblée le désigne chef avec les pleins pouvoirs ! Quelle revanche ! On se demandera toujours comment une cité a pu donner de tels pouvoirs à un homme qui l’a trahie tant de fois et quelques années auparavant encore. Il va encore plus loin, toujours plus loin ! Menacé de mort à cause de la parodie des Mystères d’Eleusis, il décide alors de ne pas attaquer Sparte avant d’avoir célébré et participé à la procession du culte des mystères. Il est alors nommé hiérophante (un des plus grands honneurs dans la cérémonie).

Sparte, stationnant à quelques encablures d’Eleusis n’osa pas attaquer la procession car elle considérait Alcibiade comme invincible. Alcibiade jubile !!!!!!

Sa gloire est à son apogée, mais après l’euphorie vient le temps des confirmations.

 

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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 18:59

Alcibiade, ayant peur pour sa vie, s'enfuit de Thourioi pour l'Elide puis Argos. A Athènes, il est condamné à mort et exclu de toute la Grèce. Il part alors se réfugier à Sparte! Il connait Endios, un éphore qu'il a trahi lors des délibérations sur l'alliance argienne en 421, et avec qui il entretient des liens d'hospitalité.

Cet Endios ne parait pas lui tenir rigueur de son "revirement", pour être gentil.

A Sparte, il vit comme les Spartiates. Il oublie pendant quelques mois les fastes attiques. L'élite dirigeante se sent alors en confiance avec ce transfuge venu du camp adverse, ce don de la fortune. Et ils vont avoir raison, du moins pour un temps.

Alcibiade va leur donner trois conseils pour vaincre Athènes.

1. Aider Syracuse à faire échouer l'expédition de Sicile.

2. S'implanter en Attique comme l'ont fait les Athéniens à Pylos.

3. Détacher de la ligue des alliés ionniens.

En ce qui concerne le premier des conseils, la chose fut vite entendue et Sparte envoya rapidement des vaisseaux et une armée commandée par Gylippe pour aider la colonie corinthienne à soutenir le siège athénien. Les deux armées étaient d'ailleurs au bord de la rupture. L'arrivée de Gylippe va redonner le moral aux assiégés. L'armée athénienne sera battue, décimée. les soldats seront massacrés ou réduits en esclavage. L'expédition en Sicile se termine donc par un désastre, Athènes sombre.

D'autant plus que Sparte a engagé les hostilités sur le continent en fortifiant un petit fort à Décélie en 413. Fortin proche de la ville qui permet à Sparte d'harceler sa rivale, Décélie a aussi l'avantage de gêner les arrivées de blé venues d'Eubée ravitailler Athènes, et de soulever les esclaves travaillant dans les toutes proches mines du Laurion ( grande baisse de ressource pour les caisses du Parthénon).

Alcibiade est donc l'homme du moment à Sparte et toutes les victoires lui sont dues. Mais encore une fois, un scandale le perd: son aventure avec la femme d'Agis avec qui il aurait eu un enfant.

Il aura eu tout de même le temps de mettre en oeuvre son troisième conseil. Il part en Asie mineure essayer d'obtenir le soutien des satrapes Tissapherne et Pharnabaze qui gouvernent les provinces de Sardes et du nord de la côte anatolienne pour le compte du Grand Roi. Il arrive à soulever plusieurs îles de l'empire athénien: Chios, Erythres, Clazomène, Théos, Ephèse, Milet. Il frappe au coeur même d'un empire athénien à l'agonie. Mais le grand malade a de la ressource et reprend quelques îles ( Samos, Lesbos, Clazomène), ce qui, combiné avec l'affaire d'adultère royal entame le crédit d'Alcibiade. Agis envoie alors des hommes avec pour ordre de l'executer, tout simplement.

Mis au courant (Endios?), Alcibiade s'enfuit et va chercher refuge où il n'a pas encore été, où il peut encore avoir du crédit: chez Tissapherne! Mais cette fois-ci, il est chez les Barbares, pas chez des Grecs. On se méfie de lui.

Il réussi tout de même à se rendre inestimable aux yeux du satrape, comme à chaque fois. Séduction et force de persuasion. Il mène alors la politique de la satrapie et donc la politique du Grand Roi en Egée ( il l'oriente par l'intermédiaire du satrape...). Peu enclin à se sentir gené par une trahison supplémentaire, il conseille à son hôte la politique de la bascule. Après avoir aidé Sparte, le grand Roi aurait tort de ne pas se rendre utile à Athènes, pour éviter que l'une des deux ne devienne trop puissante et donc trop genante.

Pendant ce temps, Athènes a lancé une armée qui stationne à Samos, une île proche d'Ephèse. Les liens se renforcent alors entre Alcibiade et cette armée. Des messages transitent secrètement ou moins secrètement.

Toujours est-il qu'Alcibiade prépare son retour au pays........  en sauveur......

 

 

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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 08:13

bassin_mediterraneen.jpg Le jeune ambitieux fait sa véritable entrée en politique en 420, date à laquelle il est élu stratège. Les partis politiques n'existent pas à l'époque. La vie politique est partagée en hétairies, groupements d'hommes influents, tous plus ou moins démocrates. J. de  Romilly dit qu'ils se partagent entre démocrates modérés et démocrates puristes.

Son rival est un vieil homme: Nicias. il est modéré en tout et ils s'affronteront sans répit les cinq années qui  vont suivre. Nicias est à l'origine de la paix qui porte son nom dans la guerre qui oppose Athènes à Sparte, la guerre du Péloponnèse. Elle débuta en 431. Dix ans plus tard, en 421, une paix de 50 ans est conclue entre les deux protagonistes. Cette paix fut difficile car Sparte et sa rivale rivalisaient dans l'art de ne pas rendre ce que le traité leur imposait de rendre ( des villes, des îles, de terres, des hommes).

En 420 donc, Alcibiade propose de faire alliance avec Argos, une cité péloponésienne dont le traité de paix avec Sparte expire l'année suivante. Après moult rebondissements, le traité est conclu. Alcibiade a réussi à faire entrer Athènes "sur terre" comme disait Thucydide.

Mais en 418, il n'est pas réelu stratège, alors que Nicias, lui, l'est.

Il ne faut pas oublier que la démocratie athénienne est jeune, et qu'elle a encore le souvenir des tyrans. Clisthène, d'après Aristote, a mis tout un système en place pour éviter le retour d'un tyran: l'ostracisme. Un homme qui devient trop puissant et qui aurait des visées tyranniques est passible d'ostracisme. Un premier vote demande à l'assemblée s'il faut voter pour ostraciser un citoyen. Puis un deuxième vote est organisé pour désigner l'ostracisé.ostrakon2.jpg

Les citoyens présents à l'assemblée ce jour là inscrivent sur des tessons de terre cuite, les fameux ostrakon ( voir ci-contre), le nom de la personne qu'ils veulent voir exilée pendant 10 ans.

En 417, Alcibiade est visé par cette procédure, lancée par l'hetairie d'un petit politicien, Hyperbolos. La grande question est: qui d'Alcibiade ou de Nicias sera ostracisé?

Les réseaux du premier fonctionnent bien, et comme à son habitude, Alcibiade réagit brillamment, rapidement. Il s'entend avec Nicias, et le jour du vote, c'est Hyperbolos lui même qui est exilé! Quel retournement de situation!

L'année suivante, il lance sa grande idée, reprise à d'autres athéniens d'une époque révolue. La conquête de la Sicile. J. de Romilly présente Alcibiade comme le "premier théoricien de l' activisme de l'histoire". Comment peut-il demander à une cité attique, déjà engagée dans une paix peu stable avec Sparte d'aller conquérir une grande île qu'elle ne pourra jamais controler entièrement? Comment a-t-il pu réussir à convaincre l'assemblée d'envoyer toutes ses forces si loin!!! Toujours par le même moyen: sa force de persuasion. Pour Alcibiade, Athènes, pour garder son empire doit continuer ses conquêtes. Même Nicias n'a pu faire entendre raison au peuple. Il se rend à l'assemblée pour leur expliquer que l'expédition est impossible. L'assemblée pouvait envoyer 20 navires. On lui demande de combien de navires on aurait besoin. Nicias, pour lui faire peur, demande au moins 100 navires (flotte très importante quand on sait que la puissance athénienne était surtout maritime et qu'il lui fallait de nombreux navires pour surveiller son empire, la ligue de Délos.) Eh bien soit! L'assemblée lui en donne plus! Et l'expédition est votée une deuxième fois!

Mais la grande idée voit plus loin: on pense à Carthage, à la Lybie, à toute la Méditerranée qui pourrait devenir athénienne! On voit là le tempérament audacieux des citoyens. 

Alcibiade a gagné par sa force d'éloquence, de persuasion. Il fera parti des trois chefs de l'expédition avec Nicias ( il fallait le surveiller et le tempérer tout de même), et Lamachos.

Mais il s'est fait beaucoup d'ennemis, toujours plus qui n'attendent qu'une erreur, une occasion pour en tirer profit.

Cette occasion se présente la veille du départ pour la Sicile. Les deux affaires de la mutilation des Hermès et la parodie des mystères d'Eleusis vont inquiéter le pupille de Périclès dès l'appareillage.

La mutilation des Hermès (Hermocopide) est gravissime car tous les Hermès de la ville ( sauf un) ont été mutilé de leur virilité. Chaque famille avait une statue d'270px-NAMA_Stele_hermaique_Onasos.jpgun Hermès à l'exterieur de sa maison, dans la rue. Si quelques uns d'entre eux avaient été saccagés, on aurait crié au scandale, et cela se serait terminé au tribunal, sans qu'on ne l'ai sans doute jamais su. Mais là, ce fut tous les Hermès de la ville. C'était donc le signe d'un complot.

Il faut imaginer la tension qui s'est alors abattue sur Athènes. La paix peu stable avec Sparte, l'alliance aussi peu stable avec Argos, une expédition lointaine et dangereuse avec des moyens immenses et enfin un complot contre la cité et les dieux!

C'en était trop. Les stratèges promettent de grosses sommes d'argent en récompense des dénonciations de sacrilèges (on remarquera la formule vague..). Tout le monde alors se met à dénoncer n'importe qui pour n'importe quel motif. De nombreux citoyens sont exécutés sans procès et beaucoup fuient. Le nom d'Alcibiade n'apparait pas cette affaire.

Mais..... quelques jours avant le départ de la flotte, un esclave, Teucros, vient dénoncer un autre sacrilège dont il a été témoin: la parodie des mystères d'Eleusis.Et là, Alcibiade peut être inquiet. Son patronyme est cité.

Dans les deux affaires; il y eut des très nombreuses dénonciations, souvent fantaisistes. Mais ce fut Agaristè qui porta le coup de grâce à Alcibiade. Elle affirma l'avoir vu parodier les fameux mystères dans sa maison et elle dénonce tous les compagnons d'Alcibiade. Son avenir personnel s'assombrit gravement et devient très inquiétant. Les accusations portées sont passibles de mort.

Alors que l'armée envoyée en Sicile s'embourbait aux pieds de l'Etna et que les 3 stratèges s'épuisaient en lutte d'influence, l'assemblée envoya la trière officielle, la Salaminienne pour chercher Alcibiade et le ramener à Athènes où il devra s'expliquer des accusasions portées contre lui. Sur sa trière luxueuse, il suit la Salaminienne jusqu'à Thourioi, puis il s'enfuit.

Il devient alors un exilé.


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2 janvier 2014 4 02 /01 /janvier /2014 09:37

Dans le livre VI de sa guerre du Péloponnèse, Thucydide retrace l'histoire de l'implantation grecque en Sicile. En 4, on lit:

 

"Cent huit ans ou presque s'étaient écoulés depuis la fondation de Géla, lorsque des colons partirent de cette cité pour aller fonder Acragas. Ce nom vient du fleuve Acragas. Ils choisirent pour oikistes Aristonous et Pystilos"

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